C’est dans le cadre des Journées du Patrimoine qu’Eric Poulin, professeur d’Histoire-Géographie passionné de photo, propose au Foyer du lycée une exposition de photos intitulée 1920-2020, Largenté: pas d’ombre au tableau!, initialement créée à l’occasion du centenaire de l’établissement.
Petite présentation du projet par l’artiste:
En 1999, à mon arrivée à Largenté, l’argentique avait entamé son déclin au profit du numérique. La pratique photographique était l’apanage des adultes, 20 ans après, le smartphone est venu inscrire la photo dans le quotidien des élèves, ou plutôt le « selfie ». Et paradoxalement, alors qu’il s’auto-mitraille à longueur de journée, l’adolescent déteste être pris en photo, il se retourne immédiatement ou se dissimule derrière ses mains dès qu’il aperçoit un appareil photo qui ne sert pas aussi à téléphoner et qui n’est pas au bout de son bras. Cela rendait ce projet un peu compliqué. Pour capturer l’instant, à la Robert Doisneau et ses jolis clichés de gosses en culottes courtes dans les années Cinquante, il aurait fallu beaucoup de discrétion. Et face au tableau, avec une craie dans une main et un appareil photo dans l’autre, on attire forcément les soupçons…Cela explique l’absence ici de photos de classe ou plutôt dans la classe.
Mais après tout, la partie la plus intéressante de l’école n’est-elle pas cet entre-deux qui va du portail à la salle de classe et parfois un peu plus loin, en voyage scolaire, en échange linguistique? Peut-être seulement dans cet espace de liberté contenue, le jeune est-il vraiment lui-même, avant de franchir le seuil de la classe et d’enfiler le costume de l’élève, pour jouer le rôle que l’école attend de lui?
Une autre difficulté, plus inattendue, est venue perturber ce projet, le masque, qui étouffe les sourires et anéantit la spontanéité, sans même parler de la buée dans le viseur et sur les lunettes, qui plongent le photographe dans la brume et son sujet dans l’anonymat. J’espère néanmoins avoir réussi à faire partager ce qui reste ma première passion, le goût pour l’enseignement, et surtout avoir fait honneur à un établissement qui ne fait pas son âge.
Eric Poulin, septembre 2021.